Corps contre corps,
Ta chaleur contre ma peau déjà froide.
Tu entraines avec toi des lambeaux de sommeil
Arrachés au lit et à la nuit.
Comme si je ne m’étais pas réveillé
Que le rêve de la réalité s’était arrêté.
En un geste simple,
Une étreinte,
Tu me renvoies au confort des draps
Dans lesquels nous étions lovés
Il y a quelques heures encore.
Et le temps
S’étire
Lentement,
Infiniment.
Poésie
Qui lit encore de la poésie ? Je n’en sais rien. Mais je sais que j’en écris et que j’aime ça. Et ça m’est suffisant.
Sonnet à la callipyge vélocipède
Voilà l’été qui nous revient en vagues lentes.
Sur les rues désertées, l’or mou du crépuscule
Coule. Puis la cité doucement se bascule
Dans la torpeur. Ixelles tombe, somnolente.
Près des grands boulevards, une femme circule,
Roulant sur son vélo dans la masse gueulante
Du trafic vespéral. Sa peau est ruisselante
De sueur qui part du dos jusqu’en bas de son cul.
Ses fesses qui se serrent lorsqu’elle se cambre
Pour vite repartir vers le bois de la Cambre
Enflamment les passants d’une ivresse subite.
La déesse s’en va dans un flash couleur d’ambre.
C’est le mariage ancien que les dieux nous remembrent
De l’allure d’Hermès aux atours d’Aphrodite.
La Corneille et le Goupil
Ésope parle d’un morceau de viande volée. La Fontaine raconte l’histoire d’un fromage. Tous deux transcrivent l’histoire d’un corbeau trop orgueilleux lâchant sa proie pour faire entendre sa voix à un renard. Celui-ci s’en empare et, loin de se contenter du fruit de son larçin, raille celui qu’il a grugé en ces mots fameux chez La Fontaine : « Mon bon Monsieur, / Apprenez que tout flatteur / Vit aux dépens de celui qui l’écoute : / Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »
« Cette fable est une leçon pour les sots », précise Ésope.
Dans les deux cas, le message est clair : méfiez-vous des flatteurs, ils sont souvent intéressés et celui qui les écoute risque d’y perdre des plumes. Lire la suite
Instant Nougéen
Cet hiver deux-mille-treize
Ce n’est pas la couleur
Qui oscille entre l’or pâle et le bleu froid.
C’est la teinte
Que prend la blancheur virginale,
C’est la brume qui se soulève,
Qui jaillit doucement, exhalée par les collines,
C’est le contraste du noir sur le blanc,
C’est ce paysage qui sort du néant
Des brumes épaisses,
C’est ce soleil éteint et sans chaleur,
C’est l’air glacé d’un mois de janvier
Qui touche à sa fin et que février
Fera vite oublier.
C’est cette sourde lourdeur qui ralentit tout,
C’est la lente chute d’un flocon depuis les nues.
C’est l’enfance à portée de main
Et ses combats pilenivéens.
C’est l’air de Bruxelles qui m’est plus respirable.
C’est la vue de toutes ces merveilles
Que ne figera aucune photo
Et qui resteront gravées en moi pendant longtemps.
C’est un rude hiver qui n’a même pas commencé
Et qui finit déjà.
Lunaire Doviginte
La bille bleue et blanche dans le ciel a disparu. Il n’y a plus que le soleil. Le soleil et moi. Le soleil, le silence et moi. Et moi, je suis perdu dans le silence, ébloui par le soleil. Je ne bouge plus. Je reste immobile. Je ne fais qu’écouter. Sans but. Écouter le silence de mes pensées. Leur morsure est plus froide que celle du soleil. Leur venin mortel comme la vie. Ma tête résonne de ce fracas intérieur, perdu dans le silence. Déjà, il n’y a plus que moi. Je suis seul dans l’univers. La lumière du soleil tombe droit sur moi. Elle vibre un peu, dans le silence. Et moi, je pourrais presque la toucher, comme je me suis déjà saisi du silence. Il glisse entre mes doigts. Je le laisse tomber à terre et ruisseler. Il cascade doucement et remplit les mers fossiles. Il se gonfle au soleil et m’enveloppe tout entier. Je me couche à terre et je le laisse me recouvrir. Je connais cette douce brûlure du sommeil. Il ne vient jamais me chercher, ne fait que me tourner autour. Pourtant, j’aimerais l’inviter : « Viens donc, toi qui tiens dans le creux de ta main tous les hommes, qu’ils soient riches ou pauvres, faibles ou forts, vieux ou jeunes. » mais je sais qu’il ne m’écouterait pas. Il sera celui qui régnera lorsque tout aura disparu. C’est un prince orgueilleux et patient.
Je m’arrache de son emprise, je quitte son empire. Je dois m’éloigner du silence. Je dois m’exiler loin du soleil. Je dois retrouver mon identité qui se trouve au-delà de tout ce que je connais. Disparaître dans les tréfonds de mes pensées. Devenir immobile comme les roches qui forment le paysage. Ne plus bouger. Se plonger dans un perpétuel présent. Ne plus vivre ni mourir. Juste exister. Je sais que cela m’est encore impossible. Alors, je rampe jusqu’à la pénombre. Je m’enfonce dans l’obscurité salvatrice. Je rejoins l’autre face, celle où plus rien ne me touche. Seule existe encore l’immensité de l’espace. Couché au sol, je la contemple sans ciller. Le monde vacille. Je suis le seul à encore exister, dans le vacarme de mes pensées. Je me noie dans des réflexions ininterrompues. C’est ici que se trouvent ces mers qui se rejoignent mais ne se mélangent pas.
Sur la plage
Abandonnée sur la plage,
La langue saline, la longue langue marine
Frôle un bulbe translucide enfoncé dans un cratère.
Nimbé d’écume, c’est une couronne funèbre qui le ceint.
Le dôme palpite faiblement, encore parcouru d’une étincelle
De vie. Déjà le soleil et le sable lèchent la fine membrane
Qui transpire sous la morsure acerbe. C’est un îlot
Pathétique que laisse la marée sur la triste digue.
Et moi, en voyant ce spectacle émouvant,
Je sens monter en moi une vague bleue
Qui m’envahit, m’enveloppe, m’enivre.
Le vent emporte des lambeaux d’or,
Tandis_______Comme______Et moi,
que,__________une__________je
dans_________brume________m’en
le loin,_______courant______reviens
la pluie_______dans le______dans
s’efface_______petit______mon
__enfin._______matin.______Nord.