Dans les nues

Ghlin. Tandis que glisse la pluie glacée sur les flâneurs du matin, un homme s’englue dans la boue à quelques kilomètres de toute maison.. Enveloppé dans de trop nombreuses couches de vêtements, il peine sur le chemin de terre, pieds nus. Rythmant sa marche, une bourse qu’on ne devine qu’à peine tinte à chaque pas. Sous sa capuche, on devine plus qu’on ne la voit une peau hâlée. Le front est barré de cheveux noirs trempés, retombant en paquets devant des yeux tout aussi noirs. Perdu dans les brumes exhalées par une bouche large aux lèvres plates, son nez épaté renifle fréquemment.
L’homme regarde à gauche puis regarde à droite. Il aperçoit au loin la route qu’il va devoir suivre pour parvenir jusqu’à sa destination. Il se remet en marche. C’est pour lui la première fois qu’il peut observer cette campagne wallonne de ses propres yeux. Ni la boue ni la pluie ne le font déchanter. Ces étendues de terres le laissent ébahi. Parvenu sur une route goudronnée parcourue de trous maintenant remplis d’eau, il s’émerveille face au spectacle des arbres qui dansent derrière le rideau aquatique.
En Belgique, même la pluie finit par s’arrêter de tomber. Le ciel a versé de dernières gouttes discrètes. Le voyageur se défait de sa capuche et pousse un soupir de soulagement. Il sort une carte qu’il tenait jusque là sous son manteau. Il observe les environs et cherche des repères. Après quelques instants, sa mine soucieuse s’illumine. Lire la suite

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Fireworks

Il y a de ces crépitements dans l’air. Ce sont comme des décharges qui se font entendre à intervalles irréguliers. L’émotion est palpable. Des étincelles dans la bouche. C’est cette même sensation que lorsqu’un orage approche, étendant ses ombres et sa colère sur les terres frémissantes. Pourtant, aussi loin que porte le regard, on ne voit pas le moindre nuage. Il n’y a que les étoiles qui brillent de cet éclat froid d’automne. La lune n’est pas encore levée. Ou déjà couchée. Elle n’existe plus. Elle n’est nulle part. Seule la Nuit est, constellée de points de lumière. De l’autre côté de l’estuaire, une chape de brume couvre l’horizon. On ne fait que distinguer les villes d’en face éclairées qu’elles sont par les lumières artificielles, blanches et rouges.
Le froid a tout recouvert. Dans la lande, le bruissement des bruyères a quelque chose de gelé. Le chemin semble halluciné, comme un rêve à chaque fois renouvelé et pourtant toujours identique. Des vapeurs glissent mollement sur le sol avant de s’élever dans les airs. Les souffles humains s’exhalent en volutes grisées. Le froid alourdit les sons. Pourtant, chaque voix est comme un poignard zébrant le silence glacé. Lire la suite

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