Vertige

Dans quelques semaines, j’aurai vingt-quatre ans. Dans quelques mois, j’en aurai vingt-cinq. Dans quelques années, j’en aurai trente. Dans quelques décennies, je serai mort. Dans quelques siècles, j’aurai été oublié.
Et pourtant. Et pourtant, je suis toujours là face à mon écran, assemblant des mots et des pensées à l’envers et à l’endroit. Et pourtant, je suis toujours là : je n’ai pas peur de cette fin qui s’amène, qui s’approche inéluctablement.
D’ailleurs, que pourrais-je donc faire ? Fuir ? Fuir hors du temps ? Dans les narcotiques, m’engourdir dans des sommeils artificiels en attendant le sommeil absolu ? Je n’en ai pas besoin : j’ai déjà mes petites drogues qui me tiennent éloigné de la réalité. J’ai la musique, j’ai la lecture, j’ai des films, et enfin j’ai ses bras à Elle, dans lesquels je peux tout oublier.
C’est que, passé l’envie de fuir, parce qu’on a compris que ça ne servait à rien, il vient l’envie de se poser des questions : déjà, pourquoi fuir ? Pour aller où ? Il n’y a nulle part d’autre où aller. Bien. Donc, on ne peut rien faire d’autre que d’attendre l’inexorable. Une fois qu’on a compris que les questions restent le plus souvent sans réponse, on peut prendre le temps de s’arrêter et de réfléchir.
Mais… Dès lors… Réfléchir à quoi ? Lire la suite

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Récit

Fin.

Ces lettres s’éternisèrent sur la paroi de l’œil et disparurent alors que le livre se refermait. À l’intérieur, on savoura. Une réflexion intense fit fonctionner l’imagination à plein régime. Mais, doucement, un scintillement remplit le fond des yeux, tandis qu’un sourire se dessinait sur le visage tranquille. Les meilleurs moments repassaient au ralenti, en gros plan, à répétition, selon son bon vouloir. Plus précis qu’un film, plus savoureux qu’un récit, la beauté de la lecture avait happé et mobilisé toute la concentration du lecteur. Il savoura longtemps sans être dérangé par le monde extérieur. Lire la suite

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