Une balade dans la ville qui, toute confinée qu’elle soit, laisse le soleil printanier la réchauffer. Pour la première fois, nous avons véritablement le temps de voir la vie palpiter, jour après jour. Ces branches qui avaient l’air mortes la semaine passée commencent à se couvrir de feuilles tendres et de fleurs. Dans les rues désertées par le trafic automobile, les voisins discutent à distance, prenant des nouvelles, ou se découvrant, tout simplement. Pendant un instant, on goûte le présent comme une liqueur.
Cela ne nous empêche pas de nous souvenir que nous sommes dans l’œil du cyclone et que les mois qui suivront seront plein de changements et de lutte. Le gazouillis des oiseaux ne couvre malheureusement pas les tremblements du vieux monde qui essaie de grappiller quelques instants de sursis. La nature qui renait doit porter un message d’espoir, mais aussi nous rappeler que c’est tout ce que la société productiviste veut détruire.
À nouveau, la Bête a chancelé. Nous ne ferons pas la même erreur qu’en 2008 et nous devrons en profiter pour la blesser du mieux que nous pourrons. Profitons des nouvelles ardeurs du printemps pour alimenter le feu qui est en nous, qui servira à consumer la société de consommation.