Retraite OKLM #16

Qui étaient-ils, ces gens qui faisaient de la politique ?

On se posera cette question dans pas si longtemps. Moi, j’ai toujours parlé de « représentants » ou d’« élus ». Mais je sais que d’autres diront « dirigeants », « gouvernants » ou « élites ». Les mots ont un poids et reflètent des réalités différentes. Si l’on voit les hommes politiques comme « ceux qui gouvernent », nous nous retrouvons dans une situation où, lors des élections, nous choisissons nos maitres. Et en un sens, cela est vrai. Inutile de le rappeler : le représentant politique « moyen » est un homme blanc hétéro de plus de 50 ans. Et si nous avons entamé en Belgique un changement dans ces habitudes de vote, celui-ci ne va pas assez vite.

Puisqu’Albert Camus est à la mode, je me permets une citation décontextualisée venue de ses carnets : « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. » Et puisqu’il est ici admis que nos représentants sont issus de la majorité (oserais-je dire « dominante ») de notre société, peut-on au moins dire qu’ils se préoccupent de protéger les minorités qu’ils dominent ? La réponse ne surprendra pas grand monde : non. Mais ce n’est même pas cela le plus grand souci. Le souci, c’est que tellement de gens ne s’en émeuvent pas. J’en connais, des révoltés, des gens qui considèrent que cette situation a trop duré et qu’elle ne le peut plus désormais.

Et pourtant, les faits sont là : à défaut de voter pour les minorités, nous pourrions voter pour des hommes blancs hétéros dédiant leurs vies à protéger les femmes, les racisés, les queers, les marginaux, les riens de Macron. Mais même ça, nous ne le faisons pas.

Lorsque nous nous poserons la question de savoir qui étaient ces gens qui faisaient de la politiques, nous nous demanderons ce qui a pu échouer à ce point pour que le système dans lequel nous vivions n’empêche pas les injustices. Nous nous demanderons également comment nous pouvions baigner dans cette injustice sans pleurer tous les matins. Et nous nous demanderons pourquoi nous n’avons pas mis à bas ce système plus tôt qui n’était rien d’autre qu’une aristocratie moderne, avec ses dynasties, ses fastes et tout ce qui définissait l’ancien régime. Si certains les appellent « élites », c’est que la classe politique est désormais une classe à part. Ils ont des privilèges liés à leur fonction. Certains font même « carrière » dans la politique, en vue d’avoir une situation. La classe politique est une classe qui est devenue déconnectée. C’est bien le principal reproche qu’on leur fait.

La question est aujourd’hui de savoir si cette classe politique arrivera à se réformer assez vite ou s’il faudra en passer par la révolte violente pour faire bouger les choses, pour rendre cette démocratie plus représentative. Pour se passer de maitres, qui sait ?

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