Je ne pense plus rien. Ondoyants, ondulants,
Les tout derniers restes de la chaleur du jour
Glissent dans les désairs, poissons froids et brûlants.
Ils ont leur volonté, font d’absurdes détours.
Comme une marée d’or, l’ardent flot de lumière
Submerge mon âme, cette liqueur sucrée
Qui est, malgré son goût, l’essence prisonnière
D’un long flacon de verre, un calice sacré.
La bouteille à la mer de ce corps indolent
Dérive dans l’aube, vogue dans l’infini,
S’échoue sur la plage des rêves envoûtants,
Oublie la vie d’en bas, celle qui est finie.
Après des secondes qui sont des millénaires,
Rampant sur le sable, ce vieux corps se réveille.
Il se laisse emporter par la houle solaire,
Et s’éloigne bientôt des rives du sommeil.
Il regagne son lit, le temps reprend son cours.
Je quitte les rêves de grèves lumineuses.
Sous mes yeux, des haillons de feu et de velours
Dansent dans une aurore irréelle et gracieuse.