Et pour répondre à Laurent, voici un texte assez ancien sans prétention qui n’a que quelques rimes pour bien prétendre au rang de poème.
Je suis celle qui chute sans fin.
La caresse du vent qui m’accompagne
Est ma seule compagne
Dans cette lutte. En vain,
J’ai cru au début être plus fort
Que la Loi qui me rapproche
Jour après jour de la funeste roche,
Celle qui m’apportera la mort.
Je me suis nourrie de rosée
Et d’oiseaux sauvages.
Les nuages sont mes paysages,
Mes montagnes disposées
Dans les airs. Je n’ai pas de mère,
Je n’ai pas de père. Je suis issue du Néant.
Et je retourne au vide béant
Depuis toujours. J’erre
Encore, et encore, et encore,
Avec un seul but, évident,
Clair, su depuis longtemps.
Il n’y a que la Mort
Qui m’attend là-bas,
Brutale, sourde à ma peine,
Souriant pourtant à peine,
Prête à compter mes abats.
Je mourrai en une explosion
Retentissante de chair et de sang.
Mais pour l’instant, je ressens
Le lent travail d’érosion
Du vent sur ma peau.
Il n’y a pas d’échappatoire,
Pas d’alternative. Crier
Ne sert à rien, dans l’immensité
Où n’existe que la lumière du soir.Il se profile, sortant de la nulle part.
Il a surgi il y a plusieurs jours,
Et se rapproche de moi, à pas lourds,
Et déjà, moi, je me pare
De courage et de dignité,
Même si personne ne me voit,
Ne m’a vue ou ne me verra.
Pour cette dernière nuitée,
Je me sens ridicule. Lasse,
J’écarte les bras en croix
Et ce sol, dur comme un roi,
En un geste, je l’embrasse.Ce fut un bruit dans la nuit.
Ce fut une plume dans la brume.
Le dernier grain de sable est tombé,
La main peut retourner le sablier.