C’est le grondement lointain du tonnerre qui me tire de mon sommeil. Je me suis endormi mais j’aurais mieux fait de ne jamais me réveiller. Au moins, je serais mort sans souffrance. Maintenant, je sais que rien ne me sera épargné : ni ma propre fin, ni la perspective de celle-ci.
J’ouvre les yeux sur la fraicheur de la nuit et le silence qui y règne. Du haut de la dune géante où je suis, le désert se dévoile dans toute son immensité. Cette vision ne fait que me confirmer ce que je savais déjà : je suis perdu. Aucun abri aussi loin que porte le regard. Rien pour briser l’horizon. Juste cet erg de sable blanc. Et au dessus de ma tête, des nuages qui commencent à dévorer la Lune. La lumière s’éteint et je me retrouve dans une obscurité totale. Je ferme les yeux. J’attends la suite avec résignation. Inutile de fuir, la mort est déjà partout. Je l’entends qui tombe en bombes silencieuses. Lire la suite
Espoir
Naufrages
Il fait nuit. Il fait nuit et je ne parviens pas à dormir. La fraîcheur de l’obscurité ne me dérange pourtant pas. Mes os sont devenus plus froids que la nuit. La faim n’y est pour rien non plus. Mon estomac a pris l’habitude d’être vide. Je ne fais plus attention à ses grognements depuis longtemps déjà. La soif n’en est pas la cause non plus. Les flaques d’eau croupies et les fruits au jus amer l’étanchent plus que l’eau de mer. Les bruits du vent et des bêtes sauvages ne me font pas frémir. Le vent n’attaque pas les morts. Les bêtes n’attaquent pas le marbre. Ma peau a la consistance de la pierre, une pierre veinée et creusée de sillons profonds. J’ai frôlé tant de fois la mort qu’elle garde maintenant un doigt sur moi, prête à me ramener à Dieu en tout instant. Lire la suite