Collapsologie et nouveaux récits

Capture d’écran du film « Dans la brume » de Daniel Roby

Dans un article récent, Ploum parlait d’écologie, une fois n’est pas coutume. Il dénonçait dans ce billet l’écologie « hystérique » (terme à mon sens malheureux, mais soit) qui est devenue à la mode ces derniers mois, que ce soit à travers la collapsologie ou plus simplement les discours alarmistes de Greta Thunberg et consorts. Nous serions en train de créer une génération de « névrosés », selon Ploum.

La vraie question devrait être, à mon sens : d’où nous viennent ces névroses ? Et surtout, est-ce que cet état d’esprit nous empêche réellement d’agir ?

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Cyclisme et Hybridation

« Les pistes cyclables n’existent pas. Ce sont des routes… ou des trottoirs ! »

C’est ainsi que se concluent les deux billets rédigés en janvier par l’ami Ploum. Il s’y interrogeait sur ce que sont réellement les pistes cyclables. Sont-ce des parkings ? Des routes ? Selon lui, les pistes cyclables sont soit des routes soit des trottoirs. Au mieux, des routes trafiquées pour donner l’illusion de sécurité aux cyclistes. Au pire, une couche de bitume rouge et glissante les mettant en danger. Dans tous les cas, il semblerait que les cyclistes soient condamnés à errer entre deux mondes, celui des voitures et celui des piétons.
Et pourquoi, au final ? Si l’on doit s’interroger sur ce que sont les pistes cyclables, il faut aussi réfléchir à l’identité des cyclistes. Ils ont des roues, mais sans la carrosserie des voitures (ou même des motos). Ils ont des pieds, mais ils ne touchent jamais le sol, ou presque. Ils sont faits de chair et de métal. Un cycliste, sur son vélo, est capable de se déplacer dans des endroits inaccessibles aux voitures – forêts, parcs publics, rues à sens unique adaptées pour eux (à Bruxelles, c’est assez courant) – tant qu’aux piétons – boulevards, routes à plusieurs bandes et autres joyeusetés.
Les cyclistes sont des êtres hybrides, mi-humains, mi-machines. Lire la suite

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Brève bruxelloise

Il est seize heure cinquante-trois, au carrefour du Parc de Bruxelles. À gauche, des voitures attendent. À droite, des voitures attendent. En face, des voitures attendent. Et derrière, des voitures attendent. Un peu partout, des piétons marchent en évitant les ombres froides du printemps. Des rires et des cris éclatent : le bruit de la vie. Lire la suite

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Car

« Je pense donc je suis. »
Cogito ergo sequor.

Penser. Penser les couleurs. Penser l’ambiance. Penser le moment. Penser le lieu. Tout penser.
Pour dépenser. De l’argent. Le bel argent. Le doux argent. L’argent immaculé. Du métal contre plus de métal. Ce n’est que du temps solidifié. On en perd pour mieux en gagner.
Il s’agit ici de compenser. Ce vide que l’on creuse pour le mieux reboucher. La vie, ce n’est qu’une série de compensations. L’équilibre n’est jamais atteint. À tout moment, tout peut basculer. Tout le monde ne peut pas être heureux partout en même temps.
Vient le temps de surcompenser. Si un peu d’argent rend heureux, que fait beaucoup d’argent ? L’esprit ne se contente plus du nécessaire. Il lui faut plus : le superflu. Ce qui ne sert à rien est luxueux. Le luxe, c’est la vitrine sur le monde. Le trop-plein est signe de réussite. Les défauts de la pratique sont cachés par mille scintillements.
Toujours être récompensé. Pas de la façon qu’on croit. Par le jugement. Non le jugement divin, intemporel. Le jugement humain, historique. Celui qui donnera la réponse à la question. Cela valait-il la peine de détruire ciel, terre et mer pour un confort tout relatif ?
L’argent, dispensé. Les conseils, dispensés. Les soins, dispensés. L’inutile, évacué. L’égoïsme, oublié. Les idées, matérialisées.
Repensé, le système.

Suivre. Ne plus être. Suivre.
Poursuivre la mode, le temps qui passe, chercher à donner un sens. Consommer. Se jeter à corps perdu dans la société et demander grâce aux nouveaux dieux que nous avons créés à leur image. Des bouches pour avaler. Des gueules béantes.
Suivant l’humeur du siècle, se vêtir d’ors ou de diamants. Laisser les parures réfléchir. C’est un miroir déformant au travers duquel rien n’est laid. Humainement, c’est mourir. Socialement, c’est naître. Faire la lumière dans la nuit. Voir les ténèbres en plein jour.
Exécuter les ordres, ceux qui viennent de nulle part, qui viennent de partout, qui viennent de l’intérieur-même de cet être absurde et autonome qui habite en chacun. Exécuter les opposants à cette doctrine de la Vie. Et tant pis pour la vie si elle ne fait pas partie de cette doctrine. On la supprimera, au nom de la Vie.
Persécuter ceux qui vivent en dehors du monde. Le monde. Le seul qui existe. Celui hors duquel plus rien n’existe. Ils sont l’autre. Ils sont les parias. Pis qu’en bas. Hors. Et lorsqu’il n’y a plus d’ennemi, se poignarder ce ventre qui a toujours faim, qui veut du sang et de l’or. S’attaquer à cet intérieur si plein, puisque l’extérieur est devenu si vide.
Seconde après seconde, éternité après éternité, laisser passer le temps, jusqu’à la fin.
Ensuite ? Plus rien.

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